sur cette photo
d’enfance en noir et blanc
je tiens dans mes mains
une image sainte offerte
on dirait un petit livre
Chevale mémoire (20)
24 NovDans le monde inversé de l’eau (notes)
29 JuilNotes de voyages dans la réalité non-ordinaire
L’esprit de la lune
Je suis la lune pleine
Blanche de fulgurances
De révélations
De lumière et de grandes marées
Dans le coeur et dans les veines
Je suis la lune pleine
Je décrois en pente douce
De demi-lune en croissant
Je décrois sans résistance
Lente et douce
Je décrois jusqu’à disparaître
Je suis la lune noire
Des sortilèges et des secrets
De ce qui se trouve de l’autre côté
De tout le travail invisible des bêtes
Des criquets, des libellules
Des lucioles magiques
Je suis la Grande Occulte
Je cache et je protège
Je suis la lune noire
Je suis la lune croissante
Comme une joie qui monte
Dans les reins
L’enthousiasme, l’énergie
L’ardeur au travail
Je croîs jusqu’à éclater
De lumière et de brillance
Je croîs, je croîs
Et je suis pleine
Encore une fois
Dans le monde inversé de l’eau (notes)
27 JuilNotes de voyages dans la réalité non-ordinaire
L’esprit du vent
L’esprit du vent transporte
Le soupir millénaire des pierres
La respiration des arbres
Le murmure du ruisseau
L’esprit du vent porte
La couleur des fleurs
Le chant d’une âme
Le contact avec les disparus
Une branche morte qui tombe
Et te montre ta place
La peur qui t’agrippe dans le dos
Quand tu entends des pas derrière toi
Un avion dans le ciel
Dans le monde inversé de l’eau (notes sur « La batèche » de Gaston Miron)
25 JuilNotes de voyages dans la réalité non-ordinaire
Dans le cadre de l’atelier «Les esprits de la nature» donné par la chamane Loumitea http://www.lamessageredevie.com/ à La Chaumière Fleur-Soleil de Val David les 23 et 24 juillet 2016.
Avant d’entreprendre la transcription des quelques notes qui ont souvent pris la forme de poèmes nourris par les enseignements du chamanisne essentiel de Michael Harner http://www.shamanism.org/ et par l’intelligence collective des participants, je voudrais d’abord présenter le plus beau poème chamanique que je connaisse. Il s’agit de «La batèche» de Gaston Miron: http://lapoesiequejaime.net/miron_I.htm#sequences
Dans un de mes voyages au son des tambours de Loumitea et de son assistante Vikki Walker, j’ai rencontré « l’homme croa croa ». La référence semblant échapper à la plupart ( dont une jeune femme d’origine russe et un couple suisse de passage ), je vais d’abord commencer cette série de textes que j’ai intitulée Le monde inversé de l’eau par un extrait de ce grand poème du premier poète québécois à qui on ait fait des funérailles nationales.
C’est dans « La batèche » qu’on trouve l’expression « l’homme croa-croa ». Bien que Gaston Miron—né à Sainte-Agathe des Monts en 1928 et décédé en 1996— n’aurait probablement pas revendiqué cet aspect chamanique de sa poésie, il avait de toute évidence quelques gouttes de sang autochtone comme beaucoup de Québécois « de souche ». C’est ce savoir ancestral que j’entendais affleurer dans sa poésie quand il la récitait en public. Et c’est particulièrement sensible dans ce passage de «La batèche»:
Les lointains soleils carillonneurs du Haut-Abitibi
s’éloignent emmêlés d’érosions
avec un ciel de ouananiche et de fin d’automne
ô loups des forêts de Grand-Remous
votre ronde pareille à ma folie
parmi les tendres bouleaux que la lune dénonce
dans la nuit semée de montagnes en éclats
de sol tracté d’éloignement
j’erre sous la pluie soudaine et qui voyage
la vie tiraillée qui grince dans les girouettes
homme croa-croa
toujours à renaître de ses clameurs découragées
C’est dans la « ronde des loups » que le poète voit surgir « l’homme croa-croa » ce Québecanthrope qui « peine dans son manque de mots et de pensée » comme l’écrit ailleurs Miron dans L’homme rapaillé. Et c’est sous un ciel de ouananiche et de fin d’automne que le poète fusionne avec l’homme-corbeau qui croasse sa langue de Damned Canuck de damned de Canuck de pea soup et se libère de la raque des amanchures des parlures et des sacrures/ [ lui ] le raqué de partout batèche / nous les raqués de l’histoire batèche.