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#Haiku 2

16 Jan

::: A man on the street

::: Click clickering on his chest

::: A necklace of teeth

A fragrance of gardenia

8 Jan

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for Liz Strauss, 

Woke up in a subtle fragrance of gardenia which reminded me of the poet-saint Jnaneshwar whose famous prayer I listened to almost every day when I was studying hinduism in an ashram decades ago. The music was exquisite as well. Couldn’t find it, but found the healing words of the poet-saint on Wikipedia: 

Gardenia-beauty

Pasayadan

Dnyaneshwar wrote the Pasayadan which is a prayer for the well being of the people. Pasaydan is included at the end of the Dynaneshwari.Sant Dnyaneshwar completed his work on Shrimad Bhagavad Gita called as Dnyaneshwari which has 9000 Ovis(Shlokas). Pasayadan is an 9 shloka work composed and included at end of Dnyaneshwari’s 18 Chapter. Pasayadan describes essence of this 9000 shlokas.

Pasayadana (Shlokas 1794 ta o 1802)


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May the Self of the universe be pleased with this sacrifice of words and bestow His grace on me.

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May the sinners commit evil deeds no longer, may their desire for righteous deeds be increased, and may all beings live in harmony with each-other.

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May the darkness of sin disappear, and the world see the rising of the sun of righteousness(nature of self), and may the desires of all creatures be satisfied.

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May everyone keep the company of saints devoted to God, who will shower their blessings on them.

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Saints are walking gardens filled with wish-fulfilling trees, and they are living villages of wish-fulfilling gems. Their words are like oceans of nectar.

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They are moons without blemish and suns without heat. May these saints be the friends of all people.

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May everyone in all the worlds be filled with joy, and may worship God forever.

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May all those for whom this book is,their very life be blessed with success in this world and the next.

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Then,Nivruttinath, the great Master(hence the god)said that this blessing will be granted. This brought great joy to Dnyaneshwar.

 

Complete Dnyaneshwari is available at http://sanskritdocuments.org/marathi/ Complete information about Dnyaneshwar’s palkhi (palanquin) is available at http://warisantanchi.com/english

 

Reference: http://en.wikipedia.org/wiki/Dnyaneshwar

 

 

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Hyperréalité

25 Oct
Vieilles_montagnes_rapees_du_nord

Sur une route des Laurentides, un jour d’été tellement froid que les vacanciers s’emmitouflent dans des polars et des anoraks. Un homme s’arrête à la station d’essence, descend de sa Corvette dont il laisse le moteur tourner un bon quinze minutes, pendant qu’il achète des billets de loto au dépanneur. Trois motocyclistes en combinaisons de cuir font une pause repas et continuent de dévorer leurs sandwichs tout en parlant vitesse, performance et radars. 

 

L’employée du dépanneur sort fumer une cigarette accompagnée par le conducteur de la Corvette: un malabar tatoué, moustachu, en bottes de cowboy. L’homme et la femme s’assoient pour fumer dans le nuage de monoxyde de carbone qu’émet le double tuyau d’échappement.

 

La forêt laurentienne décline toutes la gamme du vert de Sainte-Agathe-des-Monts à Saint-Sauveur. Mammifères géants tapis dans la forêt de conifères, les vieilles montagnes râpées du Nord du poète défilent sous un ciel gris troué d’un peu de bleu. Le bouclier précambrien tremble soudain quelques secondes dans un grondement qui fait dériver un peu les trois motocyclistes à cheval sur leurs engins lancés à vive allure sur  l’autoroute.

©La rose des temps 2012

 

Le Mur de la Lumi??re

10 Oct

Pyramids

La page est blanche. Une galaxie de possibilités s’ouvre à elle et Lalila ne sait par quelle nébuleuse passer pour trouver son chemin. De l’autre côté du Mur de la Lumière, l’espace serait irréversible. Elle décide de commencer là: elle a trois ans, elle est en train de jouer dans son carré de sable, avec sa jumelle et leurs trois petits chats, des gouttelettes de pluie tombent encore dans le vieux baril de bois, les raisins de la vigne luisent au soleil: c’est le paradis. Elle s’arrête.

 

Elle inspire profondément, prend un chaton contre son coeur et elle entre dans la Lumière. C’est une femme, déjà, et il y a cet homme qui regarde dans ses yeux. Des oiseaux pépient dans les arbres. Elle est revenue ici, chez elle, devant son ordinateur, maintenant. La rose des temps s’ouvre, architecture de fractales en mouvement. 

 

Sous ses pas d’enfant, jaillissent des lotus tandis qu’elle revient vers sa jumelle qui a enlevé ses bottines et s’est assise dans le sable en l’attendant. La petite se met à rire quand elle voit Lalila émerger du Mur de la Lumière, ses nattes blondes dénouées par les grands vents cosmiques. Elles entendent maman qui chante dans la cuisine d’été pour endormir le bébé: 

 

Petits enfants, prenez garde aux flots bleus /Qui font semblant de se plaire à vos jeux

 

Elles écoutent. La chanson leur fait un peu peur, mais elles aiment ça parce que c’est maman qui chante. Sa voix les enveloppe comme une couverte de laine douce.

 

Ça y est, elle a déboulé dans le présent, le ciel s’assombrit, il va peut-être pleuvoir, son logiciel lui propose de le suivre sur Twitter. C’est pratique un système de notes synchronisées qui lui permet de travailler aussi bien sur l’ordinateur que sur la tablette ou le téléphone intelligent quand elle est en déplacement, mais il lui faut composer avec ses intrusions surréalistes.

©La rose des temps 2012

TOTEMPO??SIE ?? Gatineau le 6 octobre

26 Sep

Talisman

13 Sep

Talisman

 

 

Tu apprends cette nuit poète, la mort de quelqu’un qui a fait de toi la dépositaire d’un lourd secret. Le voilà emporté sur la barque funéraire glissant sur le fleuve d’un autre monde. 

 

Tu contemples le feu pour observer les mouvements du deuil dans ton âme. Tu allumes trois chandelles pour veiller ton chagrin.Tu voudrais voir flamber ton coeur de lumière, te libérer de l’ombre.

 

Laisse, laisse le feu s’éteindre dans ta nuit murmure le Guide des égarés, laisse, c’est en toi qu’il faut descendre.

 

Un sourire se forme sur tes lèvres quand tu reconnais le pattern du feu dansant dans les corridors du temps: c’était bien lui qui t’avait appris à lire le feu.

 

Il n’y a plus qu’un crépitement maintenant et qu’une bouche d’ombre qui s’ouvre sur l’inconnu.

 

Avance, avance bravement poète, tu sais bien que je guide tes pas dans la grande pyramide où tu viens de pénétrer à ma suite, confiante d’y trouver la clé de vie qui te permettra de percer les mystères du combat de l’ombre et de la lumière. 

 

Te voilà dans le tombeau des rois poète, te voilà dans la chambre de résonance où tu l’entends qui frappe sur son propre coeur pour l’ouvrir, cet être qui s’en va avec ta bénédiction.

 

Non, ne le retiens pas poète, ne le retiens pas. D’autres l’accueilleront là-bas, qui l’attendent, d’autres que tu pleures encore.

 

Sèche tes larmes poète, la terre n’est pas une vallée de larmes. Sèche tes larmes et songe, oui, songe à ce secret qui t’a été transmis.

 

Serre-le sur ton coeur comme un talisman précieux, ce secret, car c’est  à travers lui que te sera révélé ton chemin.

 

Va poète, va retourne à tes rêves et laisse la nuit violette te porter dans ses bras. 

 

 

 

 

Talisman

13 Sep

Talisman

TOTEMPO??SIE-SUR-LE-LAC

4 Sep

L’exacte nuance du rose des Temps

28 Août

Epiphanie_de_cayo_largo

Dans le plancher marbré du petit aéroport de Cayo Largo, Lalila hallucine un être au crâne allongé d’un turban bulbeux. Bientôt, elle discerne les silhouettes de plusieurs dizaines d’êtres semblables.

 

Toute la journée, la frontière entre les mondes est fluide au point qu’elle glisse de l’un à l’autre avec une aisance qui l’effraie. L’excès d’alcool de la veille a lubrifié ses synapses.

 

Elle somnole une bonne partie de la matinée aux côtés de Trésor d’amour dans la chambre claire de leur bungalow, le rideau de tulle blanche voletant au vent dans la porte-fenêtre grand ouverte sur le remuement apaisant de la mer.

 

À l’orée de l’état de veille, les images hypnagogiques pullulent de crabes, de lézards et d’iguanes, au point qu’elle sourit dans son demi-sommeil en se disant qu’il y a encore beaucoup de vin blanc dans son sang et que ça ressemble sans doute un peu à du délirium tremens…

 

Lalila respire doucement, attentivement, entrouvrant parfois les yeux sur le rideau dansant, bercée par les vagues. Les images se stabilisent: elle voit très nettement, derrière ses paupières closes, un sable gris percé d’une pluie froide et des branches odorantes de cèdre, comme si elle était couchée par terre, dans une nature qui n’est pas celle de Cayo Largo dont le fin sable blanc n’a pas du tout cette texture. L’image persiste même quand elle raconte ce qu’elle voit à Trésor d’amour qui se réveille un peu et se tourne vers elle, murmure quelque chose d’incompréhensible et se rendort.

 

Lalila s’aperçoit qu’elle est dans la mémoire d’une femme d’un autre temps qui parlait avec les baleines de Tadoussac et entrait parfois dans des transes qui lui faisaient perdre conscience.

 

Les images se transforment: des poteaux totémiques, un oiseau dont les ailes ont une envergure extraordinaire s’envole d’un ciel bleu parsemé de nuages rebondis. Mais non, ce n’est pas du tout un oiseau: c’est un cheval ailé qui l’entraîne dans sa course folle à travers le cosmos. Lalila s’accroche à sa crinière et se laisse porter, ravie.

 

Soudain, un jaune pâle d’une grande intensité surgit dans sa vision intérieure, une sphère lumineuse, vivante et vibrante. Elle se tient au centre d’une vaste pièce peinte de la nuance exacte de ce jaune. Elle a elle-même fabriqué cette couleur avec du safran et du topaze réduit en poudre et le vieil artisan de Haute-Égypte dans la mémoire duquel elle se trouve contemple avec joie le résultat de son travail. Il lui reste maintenant à peindre les fresques qui s’animent déjà dans son esprit: dieux coiffés de la couronne blanche, déesses musiciennes, scènes de moisson, scarabées, lotus, oeil sacré du faucon.

 

Lalila sait fort bien que l’Égyptien voit lui aussi à travers le temps la femme d’une humanité précédente qui, elle, travaillait avec la lumière pure et se réjouit, elle aussi, de ce merveilleux jaune mêlé de blanc.

 

De nouvelles images surgissent. Des yeux, très réels. Des gens qu’elle voit de très très près, derrière la fine membrane de ses paupières pourtant closes. Des yeux fatigués, un peu tristes, parfois inquiets, bienveillants. Les yeux de maman peut-être, vers la fin de sa vie. Ceux de cet oncle décédé il y a quelques mois seulement, d’autres yeux dont elle se rappelle vaguement, les yeux du père de Trésor d’amour passé de vie à trépas depuis une dizaine d’années déjà, des yeux inconnus. 

 

Lalila est en contact avec le cercle de ses ancêtres. avec ce que sa grand-tante entrée chez les Clarisses à 19 ans où elle était morte de sa belle mort à 89 ans, appelait «la communion des Saints». Ils sont là, autour d’eux, esprits veillant avec amour sur leur transition vers un nouveau monde tandis qu’ils glissent dans des vagues de sommeil sur cette petite île sauvage baignée par la mer émeraude des Caraïbes. 

 

Le néo-cortex en pleine effervescence, Lalila comprend en un éclair qu’elle est en train de vivre une épiphanie: sa peur d’échouer dans ce qu’elle entreprend ne lui est pas qu’individuelle, comme dirait le poète au sujet de la difficulté québécoise avec la langue.

 

La vision se précise: un voile tissé de fils d’or très fins, léger comme le vent, flotte au-dessus de ses compatriotes, les morts aussi bien que les vivants, les rassemblant en un vaisseau d’or aérien voguant sur les mers inconnues du Temps. La trame comme la chaîne de cette voilure c’est la peur de l’échec, leur peur collective de l’échec. Cette peur même qui risque justement de les précipiter dans l’abîme du Rêve. 

 

Mais Lalila sait, comme l’Égyptien, comme cette femme d’une ancienne humanité disparue depuis des millénaires, qu’il suffit de souffler doucement sur cette voile d’or pour la disperser dans l’air comme un nuage qui s’effiloche dans un ciel d’été.

 

Ce soir-là, dans l’avion qui la ramène de Cuba à Montréal, des turbulences au-dessus du détroit de Floride l’arrachent à l’ouvrage d’un romancier français qui a donné à son dernier livre le nom d’un poète russe à la vie passionnante. Au début, Lalila persiste à vouloir s’immerger dans ce très beau roman au rythme ample et enveloppant, mais une peur de plus en plus nette la submerge. Déposant le livre sur le siège libre à côté d’elle, glissant sa main dans la main apaisante de Trésor d’amour, elle se dit que non, il n’est pas question que son ancienne phobie des avions, disparue par enchantement depuis plus de trois décennies, resurgisse aujourd’hui.

 

Elle ferme les yeux, respire, observe la sensation de crispation dans tout le corps, le flot d’adrénaline à chaque nouvelle poche d’air. Peu à peu, inspirant profondément, expirant lentement, Lalila retrouve son calme. 

 

Ça devient clair tout à coup: ces êtres vus dans les motifs du plancher de l’aéroport étaient des esprits de l’air, des djinns espiègles et joueurs qui brassent un peu l’appareil, le temps de lui faire comprendre que cette zone de turbulences, elle la traversera comme elle traversera le voile de sa peur plus profonde de mourir. Il lui suffit de s’abandonner à son souffle, de prendre à la légère cette peur atavique enchâssée dans une peur collective de l’échec. 

 

Ce roman, elle réussirait à l’écrire. Et ce roman traduirait avec grâce l’exacte nuance du rose des Temps. Elle l’entendait presque souffler dans son esprit tandis que l’appareil se posait avec délicatesse sur le tarmac de Dorval et qu’elle se joignait avec délice à la clameur des applaudissements des passagers, spécialité d’un peuple qui n’en revient jamais d’avoir survécu. 

 

 

@La rose des temps 2012

 

 

 

 

 

La sir??ne aux yeux verts

21 Août

Chevrette_et_faons

 

Elle la connaissait depuis des années, la croisait souvent dans le village, toujours lumineuse, vêtue de turquoise, de bleu ou de vert, de longs vêtements flottant autour d’elle, gracieuse créature qui allait à pied, toujours en route vers le Lac Doré ou la Rivière du Nord, prête à plonger son corps dans l’eau fraîche approvisionnée par une source ou son regard bleu dans les méandres de la rivière hélas polluée, souple sirène étincelante. 

 

Au début, elle louait des canots: son chum avait une petite entreprise de location de vélos et de canots. Ensuite, elle avait travaillé au Marché d’été, à la boulangerie, toujours radieuse, souriante et pleine de joie de vivre. Elle donnait aussi des spectacles de danse orientale, mais ça se passait toujours au moment où Lalila était retournée en ville pour l’automne.

 

Un jour où elles assistaient toutes les deux à une conférence donnée par un guru indien particulièrement ennuyeux à l’auberge Prema Shanti, elles avaient bavardé longuement de leurs démarches respectives.  

 

Un été, elle avait raconté à Lalila que sa vie avait complètement changé, qu’elle avait découvert de nouvelles dimensions d’elle-même, un nouveau travail sur lequel elle était restée plutôt vague, qu’elle avait quitté son chum  et vivait maintenant dans une petite maison de cèdre au pied du mont Condor.

 

C’est son ostéopathe qui lui avait appris en quoi consistait le nouveau travail de la belle sirène: elle avait développé des dons médiumniques, suivi une formation en harmonisation des énergies auprès d’une femme très âgée et prodiguait maintenant des soins à une clientèle triée sur le volet. Elles avaient fait un échange de traitements et l’ostéopathe avait trouvé que la sirène était particulièrement douée.

 

Après l’avoir croisée à quelques reprises au cours de l’été, c’est vers la mi-août que Lalila se décide à prendre rendez-vous pour une harmonisation des chakras et un rebalancement énergétique.

 

On annonçait de la pluie ce jour-là, mais finalement le temps s’est mis au beau au moment où Lalila se met en route vers le mont Condor. La petite maison de la sirène est nichée tout en haut d’une rue qui se transforme en un chemin privé s’enfonçant dans la forêt.

 

La sirène l’accueille avec chaleur et l’invite à prendre place à une petite table ronde dans une pièce lambrissée de bois patiné et d’immenses miroirs, lui sert une tisane calmante à l’avoine et entreprend de lui raconter ce qu’elle a perçu à distance tout en lui posant de nombreuses questions pour confirmer ses intuitions.

 

Lalila se sent tout de suite en confiance et la conversation met bientôt à jour ce qui a besoin d’être recentré dans son énergie: un excès de yang vers l’avant la rend débordante d’enthousiasme, mais elle risque de s’épuiser si elle n’apprend pas à se reposer et à se réfugier dans le cocon yin du silence et de la réflexion. 

 

Ça lui paraît tellement juste qu’elle est ravie de s’asseoir sur une chaise au milieu de la pièce, ses pieds déposés sur un banc, tandis que la sirène trace des cercles élégants dans l’air autour d’elle, avec des micro mouvements des mains, rebalançant ses corps énergétiques. Au moment où elle passe derrière elle, Lalila sursaute de peur. La sirène revient aussitôt dans son champ de vision, redessine les contours de sa bulle en lui expliquant qu’elle s’apprête à reculer son énergie vers l’arrière pour qu’elle se trouve bien au centre. La sentant rassurée, elle s’aventure de nouveau derrière Lalila qui sent cette fois une sorte de ballon bleu se déployer dans son dos. Elle comprend tout à coup la douleur au dos qui l’a taraudée la veille alors qu’elle nageait dans la piscine: le traitement était déjà commencé, comme ça arrive souvent dans les soins énergétiques.

 

La sirène l’invite ensuite à s’étendre sur une table de massage. Elle la recouvre d’un léger drap de flanelle blanche et entreprend de réénergiser et de balancer ses centres d’énergie. Lalila s’enfonce dans un bien-être physique parcouru d’images fluides, géométriques et sent des gouttes de couleur s’échapper des mains dansantes qui tracent des trajets cabalistiques au-dessus d’e
lle tandis qu’elle somnole, les paupières à moitié closes.

 

En redescendant de la montagne, sur le chemin qui mène au lac, dans la lumière dorée du soleil couchant, Lalila s’arrête tout à coup, interdite. Sur le bord du fossé menant à un ruisseau, un chevreuil et ses deux faons se tiennent à l’attention, curieux. Lalila s’avance doucement vers eux, émue de tant de grâce et de douceur. Ils se laissent approcher puis, à l’arrivée d’une voiture, s’enfuient d’un bond dans la forêt enchantée. C’est seulement à ce moment-là, qu’elle se rappelle le regard de la sirène au moment où elles se sont dit au revoir: ses yeux bleus étaient devenus verts.

 

 

@La rose des temps 2012