Sur une route des Laurentides, un jour d’été tellement froid que les vacanciers s’emmitouflent dans des polars et des anoraks. Un homme s’arrête à la station d’essence, descend de sa Corvette dont il laisse le moteur tourner un bon quinze minutes, pendant qu’il achète des billets de loto au dépanneur. Trois motocyclistes en combinaisons de cuir font une pause repas et continuent de dévorer leurs sandwichs tout en parlant vitesse, performance et radars.
L’employée du dépanneur sort fumer une cigarette accompagnée par le conducteur de la Corvette: un malabar tatoué, moustachu, en bottes de cowboy. L’homme et la femme s’assoient pour fumer dans le nuage de monoxyde de carbone qu’émet le double tuyau d’échappement.
La forêt laurentienne décline toutes la gamme du vert de Sainte-Agathe-des-Monts à Saint-Sauveur. Mammifères géants tapis dans la forêt de conifères, les vieilles montagnes râpées du Nord du poète défilent sous un ciel gris troué d’un peu de bleu. Le bouclier précambrien tremble soudain quelques secondes dans un grondement qui fait dériver un peu les trois motocyclistes à cheval sur leurs engins lancés à vive allure sur l’autoroute.
©La rose des temps 2012
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