L’??chelle

4 Jan

Cette histoire commence dans une échelle. Un rayon de soleil illumine l’espace d’une shed, au Québec, vers le milieu du XXe siècle. La petite fille dans l’échelle n’a pas encore trois ans. Elle est enchâssée dans le temps et voyage dans l’éternité, scribe intemporel du côté hiéroglyphe de ce qu’on appelle le réel. Elle tremble, un tremblement de fond qui secoue tout son être. Elle voit jusque dans les profondeurs indigo du Temps. Dans sa robe du dimanche et ses belles bottines blanches, la petite tremble. Il y a, en haut de l’échelle, une voix, une voix qui l’appelle. 

 

C’est la voix du réel. Une voix qui scellera son destin. Il était écrit qu’il y aurait cette échelle chromatique et ce tremblement des sens qui ferait d’elle une claireaudiente comme sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère avant elle. Il était écrit dans la Maison des Rêves des premières nations de ce territoire qu’elle entrerait un jour dans la Maison de Mica de la paix. 

 

Elle en ferait un jour un livre. Un livre-sphinx comme ce lion de feu tapi dans le désert, protégeant les cités souterraines d’humanités disparues. Elle raconterait des histoires comme elle se l’était promis petite quand il lui avait fallu rendre à la bibliothèque ces petites filles de l’arc-en-ciel qui lui allaient droit au coeur. Ah! pouvoir les suivre dans les passages secrets d’un château comme il n’y en avait que dans les livres quand on avait vu le jour à Saint-Augustin comté des Deux-Montagnes! Elle entendrait longtemps l’écho de leurs pas jusque dans le profondeurs de la Terre et dans les moraines de ses livres d’enfant comme dans les labyrinthes de ses cours de civilisations anciennes. 

 

Oui, elle écrirait des histoires. Maman lui avait donné, le jour de ses onze ans, un agenda avec sa pierre de naissance et un délicat fermoir doré qu’on pouvait verrouiller avec une clé minuscule en lui disant:«Tiens, tu vas pouvoir écrire tous tes secrets.»

 

Elle se retrouverait un jour à l’autre bout de la Terre, juchée sur un tréteau dressé pour une lecture de poésie en plein air, à chanter le son du Soi, tandis que le ciel rose se déploierait au-dessus d’une des plus grandes villes du monde. 

 

 

extrait de La rose des temps, roman

Cerisiers_en_fleurs

 

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