Le Cercle des Explorateurs du Temps se réunit ce matin au Pavillon dans le Nuage et, malgré un désir soudain de se joindre à eux, elle poursuit son propre chemin. C’est une route rurale dans un village d’une région éloignée du Québec, la Gaspésie peut-être ou la Basse Côte Nord, le Bas du Fleuve? C’est la nuit, l’hiver. Elle est sur ses skis.
La route est déserte, les maisons ne sont pas éclairées. Il est très tard ou très tôt, peut-être est-ce même le milieu de la nuit. De la poudrerie recouvre une partie de la route.
Malgré l’absence de lumière, ce n’est pas complètement noir. Il ne fait pas froid. La route est en pente, elle se laisse glisser sur la neige en se disant que ça doit bien mener quelque part.
On dirait un paysage au fusain, avec des cheminées qui fument. Ce n’est donc pas un village fantôme. Elle s’abandonne au mouvement et glisse plus profondément dans ce qu’elle comprend être la mémoire de sa mère, avant sa naissance.
Elle n’a pas vingt ans, elle enseigne dans une école de rang et elle doit partir très tôt le matin pour allumer le poêle à bois avant l’arrivée des enfants. Elle prend la route pour se rendre au Petit Chicot sauf certains matins où la neige est belle et où elle coupe à travers champs.
Elle se retrouve dans une gare animée d’Europe du Nord. Il est cinq heures, si elle prend le prochain train, elle sera à Amsterdam à temps. Le chat miaule avec une insistance anxieuse. La gare s’écroule. Elle revient à elle.
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