Une des très hautes épinettes au bord du chemin est tombée il y a quelques jours, abattue par la tempête. Elle doit être débitée en rondins, mais gît encore dans notre entrée pour l’instant, longue carcasse végétale. Cet après-midi, tandis qu’on bavardait à l’ombre, le poète a murmuré: « Un chevreuil… » Nous sommes restés silencieux et immobiles. Le jeune animal s’est approché, curieux, de l’épinette étalée de toute sa longueur, a humé les cocottes noires au faîte de l’arbre, puis s’est avancé vers nous pour se délecter des aiguilles tendres.
On retenait notre souffle. Il a dû flairer notre odeur, car il a levé la tête et nous a regardés, ses oreilles à l’attention. Tranquillement, il a changé de direction et contourné le chalet. Je me suis emparée de mon téléphone et on l’a retrouvé dans le bois. Le chevreuil me voyait prendre des photos, mais ça ne semblait pas l’inquiéter. Il continuait à brouter quelques feuilles. Il s’est même rapproché de moi. J’ai zoomé sur sa belle tête surmontée de bois naissants. Il a levé son regard vers moi et m’a laissé le photographier à plusieurs reprises. Puis il s’est avancé, a sauté pour rejoindre le chemin et est entré dans la forêt en quelques gracieux bonds. Mon coeur a bondi de joie dans ma poitrine.
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