Dans l’ombre fraîche d’une chapelle sur le toit du temple de Dendera, où ils s’arrêtent en route vers la mer Rouge, le Guide des Égarés les invite à laisser leur intuition les conduire directement jusqu’à un des lieux de ce temple. Lalila circule dans les couloirs et les escaliers, entre dans une crypte puis dans une autre, happée par des bas-reliefs saisissants, mais une force la ramène vers la salle hypostyle où l’oeil du faucon sacré l’attend.
Appuyée contre une colonne, elle se projette dans le bleu des fresques du plafond. Elle plonge dans cette couleur d’Égypte qui anime une série de dieux et de déesses s’avançant en pente douce vers l’oeil qui pleure. Plusieurs ont des jambes indigo comme d’autres personnages de cette salle où retentit le bruit métallique des outils que manient les artisans grimpés sur des échafauds pour restaurer les piliers.
Une voix intérieure la rassure: «Nous sommes là». Elle reconnaît certains des dieux de la procession, et cette déesse à laquelle le temple est consacré, un disque solaire entre ses cornes de vache. Le dieu du mal (ou est-ce celui des morts?) avec son profil de chacal, se tient seul, mains levées vers l’oeil qui pleure comme pour le guérir de son insondable tristesse.
Ce que les artistes ont inscrit derrière leur oeuvre la remue profondément: elle comprend que la déesse de la justesse, la plume de la légèreté dressée sur sa tête comme une antenne, est là pour guider chacun de ses pas. Elle sait tout à coup avec certitude qu’ils sont tous là, dieux et déesses de l’Égypte ancienne, pour l’accompagner dans l’écriture d’un roman auquel elle consacre tout son temps.
@La rose des temps 2012
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