24 janvier 2015, 11h29
J’ouvre mon document, en espérant pouvoir me rendre au cinquantième fragment aujourd’hui.
12h32
J’en suis au cinquante-sixième fragment des quatre-vingt-dix-neuf du chapitre sept. L’essentiel de mes corrections consiste à mettre les verbes au présent. J’ai écarté un court passage que je réutiliserai peut-être ailleurs.
Bon ça suffit, j’élimine le clavier espagnol, c’est agaçant à la fin…
13h42
Discussion avec le poète au sujet de l’article du Devoir d’aujourd’hui sur le livre d’une triste essayiste qui fait un constat navrant sur l’incapacité des romans québécois des années 50 aux années 80 à traverser les frontières:
«Tous les grands romans racontent une aventure, lancent dans le monde des personnages qui en rapportent une perception ou une compréhension nouvelle par laquelle ce monde, par la suite, ne peut plus être vu de la même façon. […] Or, dans le cas du roman québécois, aucune question, aucun événement n’ébranle assez le monde où vivent les personnages pour leur offrir, au sens fort du terme, une aventure.»
On se demande dans quel monde elle vit pour trouver que le Québec est dans une situation idyllique…
De fil en aiguille, j’en viens à l’ouverture du roman que je suis en train de terminer et soudain, me revient une idée que j’ai eue des mois plus tôt et que j’ai oubliée depuis. Inspirée, je griffonne dans mon cahier de corrections pendant que le poète me prépare un thé.
J’écris une phrase, puis deux. Je les lis à haute voix. Le poète suggère un nom de lieu que j’ajoute, je lui relis le passage et continue le paragraphe jusqu’à ce que je bloque sur un mot.
N’empêche, j’ai le sentiment d’être en train d’opérer un saut quantique. Le poète dit qu’il en a des frissons.
15h00
«De petites altérations dans les conditions initiales provoquent de profondes altérations dans le résultat final». C’est dans La formule de Dieu, best-seller de Jose Rodrigues Dos Santos que ma belle-soeur m’a offert à Noël. Je sens que la théorie du chaos va m’aider à finir mon livre éparpillé en mille fragments.
15h44
Silhouette noire estompée dans un camaïeu de tons moroses. Voilà, j’ai déverrouillé la phrase bloquée, mais je devrai remettre à plus tard le déploiement de ce fragment initial.
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